Nos parents

Prout III

 

 

Ils s’appellent Parents. Si j’y mets une majuscule, c’est qu’il me semble que ce mot est avant tout un nom « propre ». La mère a passé une grande partie de sa vie pour ses enfants. Elle leur a donné tout cet amour, cette présence, indispensables afin qu’ils soient bien, qu’ils soient grands. Le père au travail savait qu’il lui fallait être tous les jours au labeur s’il ne voulait pas voir ses enfants à la rue. Métier de parents, non reconnu. Les enfants ont grandi. Les parents sont fiers, ils voient leurs petits devenus grands et avec un métier, un beau métier parfois même (tous ne sont pas beaux). Les parents vieillissent. Leur maigre retraite leur permet tout juste d’être à peu près bien, c’est tout. Remarquez, une bénévole des Restos du cœur m’a raconté l’histoire de cette petite vieille qui passait quasiment chaque jour devant mais n’entrait jamais (elle avait honte). Le jour où elle est entrée, elle a fondu en larmes dans les bras de la bénévole. Mais ce n’est qu’une petite vieille, sans importance pour les malfrats du CAC 40 (et pour les médias qui ont d’autres chats à fouetter, ou à caresser…). Je reviens aux parents. Le père a bien vieilli mais il ne lâche pas son potager. Il y est tous les jours. Ce carré de jardin représente pour lui une échappatoire, un temple même du bien-être, peut-être un des rares moments où il peut être presque heureux chaque jour et aussi ceux avec son épouse, qui tait. Ne dit rien. Les enfants sont loin, et les nouvelles rares. Ils vivent très bien. Eux…Ils se demandent parfois comment les jeunes peuvent être d’une telle ingratitude, comment peuvent-ils, ceux qui dirigent le pays (qui ont eu des parents attentionnés eux aussi) écarter de leurs préoccupations le quotidien des retraités dont beaucoup ont des fins de mois qu’ils ne peuvent finir sur leur trente et un. Quelle est l’origine de cet irrespect total vis-à-vis des anciens ? Chaque jour, quand ils étaient enfants, ces dirigeants avaient une assiette convenable et les voilà, à présents grands, imbus, intelligents ( ?), diplômés, à se gaver de langue de bois et de crachats sournois dans l’écuelle des vieux. Quand des vieilles et des vieux manifestent dans la rue, c’est l’histoire d’une maison construite sur des fondations en papier. Elle finira bien par s’écrouler.

M.L. 

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