Ode aux Anonymes

Laisse-moi t’emmener tout près d’ici, en promeneurs anonymes nous regarderons le sourire des gens, le dos courbé de la petite vieille qui tire son caddie avec quelques poireaux, le sdf qui jette en riant des miettes aux pigeons, des miettes d’un quignon bien trop dur pour ses vilaines dents. Nous irons au bar du coin, je prendrai un café tu pourras prendre un petit blanc, mon alcool c’est la simplicité des gens.

Nous écouterons quelques brèves de comptoir puis nous repartirons ragaillardis rencontrer sur les trottoirs des émotions à peine germées et des éclats de rires d’une jeunesse exacerbée. L’or de la vie vois-tu mon ami il n’est pas à chercher dans une terre trop fouillée, ravagée par les envies. Surtout quand tu rentreras chez toi ce soir n’allume pas la télé, laisse cette journée passée à apprendre à aimer écrire tes rêves qui vont rallonger ton voyage sous des firmaments de toute beauté.

Oublie tous ces fantoches, ces marionnettes qui s’en mettent plein les poches en nous disant d’être honnêtes. Qu’ils nous traitent de sans-dent, il faut prendre ça en riant. Ils feraient mieux de lire Germinal au lieu du code pénal. Nous n’avons pas pour ambition de diriger l’âme du canon vers notre voisin de pallier que j’appellerai Humanité.

Et quand la paix sera revenue, ou disons plutôt un long silence entre deux obus, nous inviterons des Russes, des Ukrainiens, des bambocheurs, des moins que rien pour un grand pique-nique autant pour les végans que les viandards avec des trompettes et des guitares et des enfants heureux qui s’endormiront près du feu dans les bras des papas et des mamans qui laisseront le temps d’avant passer dans leur présent comme un orage qui fout le camp.

 Et même si tout près d’ici encore des dominants à compter leur argent en faisant les yeux doux à un public somnambule pour augmenter leur pécule avec des paroles ridicules, nous resterons unis tout en nous sachant bien différents les uns des autres, car voilà l’apanage d’être apôtres en prônant avec la diversité l’unique valeur du verbe aimer.

Nous oserons pénétrer la brume de nos doutes, c’est bien mieux de découvrir ce que d’autres redoutent, cette humilité qui essaime à chaque endroit de cet immense jardin qu’est cette Terre malmenée par trop de malandrins.

Comprends mon ami, nous n’avons pas à semer des cailloux blancs sur notre chemin. Notre demeure vaut cent mille matins, aussi vaste que l’horizon devant et quand bien même arriverions-nous au bout que cette plongée dans l’Un-Connu se ferait d’un amour fou à combler de connaissances pour l’opulence de la lumière qui nous murmure au loin.

Michel Labeaume

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