Un sapin ukrainien

Un sapin ukrainien

Cela peut être une esquisse de sourire sur le coin des lèvres pour souligner son optimisme. Cela peut être quelques graines données aux oiseaux un jour d’hiver, un jour de pluie. Cela peut être dans un bar où l’on entre dans la conversation avec des clients inconnus et les rires concluent cette parenthèse. Voilà des petits instants si brefs que l’on y pense plus ou presque le lendemain. Cela peut être en sortant de chez soi et croiser un inconnu avec lequel une conversation s’engage et l’on constate de suite qu’il pense comme vous, à savoir qu’il ne veut rien d’autre qu’un Monde meilleur. Cela vous prouve qu’il faut parler. Parler rassure, soulage, conforte. Cela peut être une discussion avec un SDF à qui on a donné la pièce. L’étonnement et le bien-être peuvent suivre. Cela peut être un rayon de lumière traversant le houppier d’un vénérable jusqu’au sol jonché de fleurs de printemps. Comme une aura de mystère rassurante.  Cela peut être le murmure d’un ruisseau animé par le « siii » appuyé du martin-pêcheur. Cela peut être à cet instant où l’on prend la télécommande de la télé et l’on se ravise pour ouvrir le livre sur lequel on est depuis plusieurs jours. Cela peut être un instant seul au sommet d’une colline attendant l’aube, ou sur une plage à regarder la houle jouer avec des reflets d’argent. Cela peut-être lors d’un repas de famille où, le temps de quelques minutes, vous regardez ces êtres discuter et rire et cela vous fait du bien. Preuve que la nourriture ne se limite pas au repas. Si je savais qu’une famille ukrainienne décore en ce début décembre son sapin de Noël malgré les bombes qui pleuvent, j’ajouterais cet instant. Bien comprendre que dans ce cas-là, l’absurde n’est pas dans le sapin…Cela peut être un après-midi de printemps, revenant du potager le panier rempli, le chat sortant de sa sieste et se frottant à vous pour réclamer une caresse pendant qu’une mésange bleue, sur le sapin, se délecte de chenilles processionnaires. Il y a tant et tant de possibilités pour se confectionner les bijoux de sa couronne alors que par ailleurs, perdus dans l’insensé et l’horreur, les pouvoirs continuent de rallonger les chaînes et leur poids qui emprisonnent et écrasent. Les larmes de la joie proviennent d’une source de lumière. Elles ont ce don de vous déshabiller, de briser votre armure ou votre carapace. Alors même à notre époque traversée par des tempêtes et des courants contraires, ne perdez jamais l’opportunité de vivre le charme lumineux des petits instants. Ils sont les joyaux de votre couronne. L’avenir va connaître la beauté et la puissance des instants simples. Oui car là, la simplicité a toute latitude pour vous enseigner l’harmonie, la délicatesse sur votre chemin de Vie. Oui, car même le guerrier est un pèlerin qui s’ignore.

Michel Labeaume

11 dec 23

Date de dernière mise à jour : 15/12/2023

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