D'un papillon

D’un papillon

Un murmure s’installe sur l’oreiller. Comme un papillon, il est venu, discret, se poser sur cette fleur de sommeil, non pour butiner, mais pour donner son nectar. Le donner à celles et ceux qui ont osé aller bien au-delà des salmigondis d’une actualité trop lourde, trop pesante. Et juste avant le sommeil où les songes seront mêlés de farfelu et d’incompris, par la fissure bienvenue laissant passer quelques brindilles de lumière, la Vérité entamera son murmure :

Si ce Monde en plein chaos semble vouloir tourner avec les mêmes errements, ne serait-ce pas justement dû aux raisons diverses qui le torturent. Raisons politiques, économiques, diplomatiques, raisons de défense (avoir changé ministère de la guerre en ministère de la défense ne serait-il pas un modèle parfait d’hypocrisie). Toutes ces raisons, ajoutées à bien d’autres encore plus sournoises, fabriquent les déraisons. Le comble du malheur est qu’elles sont enseignées dans ces grandes écoles où les Maîtres des Forges fabriquent de futurs dominants, tout aussi malveillants dans leur somnambulisme. Au réveil, après une nuit de sommeil perturbé, la journée des dissidents va peut-être ressembler, en apparence, aux autres qui jusque-là ont déroulé leur routine mortelle. Or il n’en est rien. Le murmure a bien travaillé. Il a déposé dans leur esprit quelques semences qui vont trouver leur terrain pour grandir, fleurir, embellir et révéler. Le propre de la Vie est de grandir par Soi-même. Comme toute plante, le Vivant a besoin de lumière. Les mensonges, les manipulations de l’information, les désinformations, si elles obscurcissent (c’est leur but) n’empêcheront jamais les esprits fissurés de sourire, de recevoir, d’apprendre, de cheminer ensemble sur un même chemin même s’ils sont séparés par des milliers de kilomètres. Le miracle est que même s’ils ne se connaissent pas, ils se reconnaissent. L’ère des conquérants avides arrive à son terme. A leur place, les pèlerins impavides continuent, sans empressement, sans ambition voire arrivisme insensé, à avancer vers le prochain sommet tout en se nourrissant de certitude. A chaque coucher, le papillon nourrit :

Que n’est-il temps, pour cette Humanité en délire, de faire en sorte d’apaiser le brûlant climat politique des comportements (le reste suivra) et d’un jour se laisser aller à douter pour, un soir, parmi ses hommes et ces femmes en perdition, accepter la fissure et recevoir le murmure du papillon.

Je sais bien sûr, qu’il lui sera difficile de pénétrer les dirigeants de ce Monde immonde, trop protégés par leur ego blindé, mais sois assuré, toi le Rohingya, toi le petit enfant des favelas, toi le petit Somalien dont la famille a été massacrée, que ce qui vous attend, c’est un festin de rires avec des larmes d’émoi.

Ils étaient rois. Ils ne seront rien. Vous n’étiez rien. Vous serez rois.

Michel Labeaume

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