Versailles
Il n’est pire piège pour l’âme que le pouvoir quand c’est l’ego qui le prend. Couronne et sceptre ne sont que ridicules attributs quand le pied écrase de sa hauteur la foule qui le salue. S’il était l’heure de vous faire moins majestueux ce serait à la seconde même où le sang et la sueur remplirait vos coupes. Le Temps secoue sa cape pour se débarrasser des salissures qui, durant ces siècles ont émané des mensonges et des fausses grandeurs. L’Humanité mérite autrement mieux que ces sempiternelles servitudes imposées par des aveugles avides de posséder. Il faut leur rendre la vue, murmure le Silence. Il faut leur faire lever la tête, à ces peuples égarés sous le joug afin qu’ils puissent admirer l’horizon nouveau qui se déploie. Les crises et les conflits durcissent le bois des trônes mais vient toujours le temps où les épines sortent. Alors il faut se lever pour regarder bien en face le miroir. Affronter la réalité c’est déjà faire un premier pas. Vous taisez ce foutoir qui fait le gras de vos porte-parole lui préférant toujours le mirage d’une croissance obsolète étouffant la graine à germer dans le cœur de chacun. La grandeur, la vraie grandeur a toujours été dans le Don. Et donc la légèreté et non dans l’accumulation de richesses n’ayant de valeur que par leur poids. Vous méritez mieux comme chemins de vie que ces routes impossibles pavées de gravats, cadavres et marbres froids. Si vous voulez être grands de ce Monde, il vous faut d’abord rayonner et pour ce faire aller questionner l’humble qui sème sa terre, le simple qui sourit chaque matin, se nourrit de peu car surtout de ce qu’il offre, et surtout il n’a pas de coffre caché dans les tréfonds de son savoir (son âme est si riche). Vous êtes grands de l’Immonde mais n’en prenez pas ombrage. Faites un pas vers la lumière et enfin elle saura vous nourrir, vous donner l’outil pour façonner vos quotidiens couronnés d’aubes nouvelles. Et c’est l’Humanité entière qui se retrouvera. Retrouvera sa vraie identité par l’être multiple qu’est l’humain. Avec tous ses atouts. Et croyez-moi, le Je en vaut la chandelle qui brûlera enfin de la flamme éclairant une autre possible éternité.
Michel Labeaume