Pollens

 

Pollens,

 

 

Ils ont l’art et la manière pour rester toujours debout. Leur vie est un polar, avec des cadavres et des peuples à genoux. Et l’Histoire est ce rouleau compresseur qui couche les arbres et écrase ceux qui luttent contre les gourous. Histoire écrite par des chasseurs au verbe haut puisé dans ces écoles où l’on apprend plus dans les couloirs que dans les amphis à bagou. Ô D’où puises-tu tant de sérénité, toi ce cosmos infini, Créateur à magnifier ? Sais-tu petit homme révolté, sais-tu la magie d’une graine qui, dans son espace si petit contient l’Essence-Ciel de l’Uni-Vers entier. Et elles sont des milliers. Milliers de milliers. Ne craignent aucun pesticide sinon la peur de germer.  Même ceux que tu désignes, ces pourfendeurs d’humanité, pourront s’en nourrir si toutefois ils cessent d’accumuler. L’homme nu est rempli de place afin que le Semeur puisse y jardiner. Allez rebelle, dis-leur le danger de la routine. Ils ont accumulé tant et tant de murs érigés avec le ciment des aveuglements que le seul horizon visible s’enflamme de leurs tourments. Le poisson dans son ère est mort. Et de la Source le Verseau peut abreuver les assoiffés de vérité et faire renaître tant de sourires chez les petits comme chez les grands. La Vérité a ses fragments dans l’humus des sous-bois traversés par un rayonnement. Dans ces longs rubans de brume déroulés de l’aurore sur le miroir de l’étang. Dans le bruit de la pluie, dans le silence des sommets, dans le regard de l’enfant qui pleure, coincé entre les siens sur une épave à la recherche d’humains et d’un autre firmament. Dans les larmes de la mère qui voit le cadavre de son fils porté par le père depuis bien trop longtemps. Dis-leur, rebelle, à tous tes amis, aux anonymes, aux inconnus, ainsi qu’à ceux qui te liront en diagonale du haut de leur chaire, leur morgue au verbe agaçant– l’essentiel n’est-il pas dans la graine de l’instant – dis-leur d’oser franchir le seuil ! Ce seuil qui dès le premier pas s’effacera pour apparaître au suivant. Dis-leur la liberté ! Celle qui auréole les êtres comme un arc-en-ciel décore l’horizon après la pluie de l’instant. Dis-leur qu’ils peuvent changer sans se précipiter, sans vouloir à tout prix, mais simplement en osant sourire avec derrière eux le pire et devant eux le foisonnement. Ils cherchent, maladroits mais ils cherchent. C’est cela l’important. Qu’ils dépassent sans s’arrêter les initiateurs de dogmes et autres boniments. La liberté est totale quand elle s’attache à la délivrance. Nul pieu n’est assez solide pour l’empêcher de s’envoler au-delà des collines, au-delà des océans. Dis-leur, rebelle, qu’être acteur c’est laisser en coulisses les trop nombreuses pages de l’espoir, ainsi que celles du verbe croire, pour enfin avoir du pain sur la planche, avec l’amour comme levain et la joie de la flamme dansant dans les poitrines gonflées de béatitude et d’euphorie. Dis-leur que ce n’est pas une page qui se tourne, c’est un nouveau Monde à enfanter. Bien sûr, ceux-là qui ne comptaient que sur leurs sous et leur économie de marché, même s’ils feront du bruit derrière les foules exaltées, les poches trop lourdes et pas assez trouées ne devront pas être oubliés. Il faut leur dire, leur dire qu’absolument que personne ne doit être oublié.   

 

M.L.

 

3.10.20

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