Le roi cornu

Le roi cornu

Il était devenu le roi des braconniers. Chassant le rhinocéros pour sa corne et l’éléphant pour son ivoire. Jusqu’à ce jour fatidique où un mâle solitaire le surprit alors qu’il était à l’affût devant une troupe menée par une femelle majestueuse. Il termina sa piteuse existence aplati comme une galette bretonne par la patte d’un éléphant en furie. Les restes de ce héros de la braconne firent un festin pour les hyènes toujours à fureter pour saisir une occasion. Son arme seule fut retrouvée sur les lieux du laminage, laissée là comme un symbole offert à la connerie humaine. L’âme de ce braconnier traversa les plans astraux pour se retrouver couchée dans un champ d’herbes hautes. Il ouvrit les yeux, se leva en hésitant en se demandant ce qui avait bien pu lui arriver. Ses yeux s’écarquillèrent en découvrant l’étendue devant lui : des milliers de défenses d’éléphants et de cornes de rhinocéros. Sur des centaines et peut-être même des milliers d’hectares, le sol était jonché de ces trophées. Le braconnier eut un sourire transformé en rictus de crainte quand il se retourna pour voir la même désolation dans toutes les directions. Il était devenu milliardaire. Mais. Car il y avait un mais…Comment faire. Quoi faire. Alors, pendants des lunes et des lunes il parcourut ce paysage de désolation morbide en faisant attention de ne pas se blesser. Parfois, il s’asseyait, essayant de se faire une place parmi ces restes. Mais quand il s’endormait, c’était autre chose. Ses cauchemars de barrissements de colère ne lui laissaient aucun répit, aucun repos. Il erra ainsi durant ce qui sur Terre pouvait s’apparenter à un siècle, criant de plus en plus souvent son désespoir. Jusqu’à ce moment où il se retrouva devant une porte, légèrement entr’ouverte. Hésitant il la poussa et entra dans ce qui semblait être une immense salle d’un palais. Aux murs, des trophées, toujours les mêmes. Un trône était là, fait de défenses. Un trône qui l’attendait. Qui attendait le roi des braconniers. Que dis-je le roi, l’empereur ! le Kaiser !!

Assieds-toi ! lui dit une voix emplissant le volume entier des lieux. Il hésita mais s’avança tout de même vers le trône majestueux. En approchant, il vit qu’au centre de l’assise était dressée une corne de rhinocéros. Il stoppa net avec un rire nerveux.

Assieds-toi !!

Le ton était sans équivoque et notre trublion s’avança en tremblant.

La suite de cette histoire serait peut-être délectable pour certains et affreuse pour beaucoup mais étant de par nature pudique et respectueux de la courtoisie, je ne peux  traduire l’épilogue que par cette onomatopée :

  • AHHHHHH !

M.L.

Date de dernière mise à jour : 01/09/2023

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