Le sommt interrompu

Sommet interrompu

Tous s’arrêtent, tournent la tête dans la même direction, celle de l’enfant. Tous ces puissants, ces hauts dirigeants, ces ultra-riches et ces aréopages, réunis en un sommet pour l’avenir de l’humanité, s’arrêtent brusquement, regardant l’enfant, figés dans leur étonnement. Et l’enfant-humanité, haut comme trois pommes, vêtu de haillons, les cheveux sales et ébouriffés, le visage noirci par la poussière soulevée par les canons, s’avance au-devant d’eux arborant un tel sourire qu’on dirait une rivière de diamants surgissant de l’ombre et son regard si doux et si prenant, laisse déverser une sublime lumière, venue d’un ailleurs. Il s’avance, cet enfant, portant une petite corbeille pleine de fruits. Il s’avance, sûr de lui. Ces puissants, saisis de stupeur, laissent tomber leurs brouillons de discours, noircis de boniments. C’est la paix qui descend ! Certains viennent de penser cela, brusquement. Non la paix imbécile coiffée de boucliers anti-missiles, cernée de toutes parts par des menaces nucléaires, et autres armements savamment mis au point dans les ateliers d’un stupide destin fabriqué par des soumis, sous la menace constante de garde-chiourmes.  Mais la paix d’un enfant-humanité. On ne sait pas d’où il vient. Quelle est donc sa nationalité ? Ça suffit ! C’en est assez de ces frontières hérissées de méfiance, de hargne et de mépris, c’en est assez de ces pays s’enfermant dans leur identité comme un guerrier dans un bunker ! Quelle langue parte-t-il cet enfant-humanité qui approche doucement de ces puissants, immobiles, interloqués. Les premiers sont déjà baignés dans son rayonnement qui est tel qu’ils en tremblent, qu’ils en frissonnent. Il parle la langue Humanité cet enfant, la langue des aurores, des horizons déployant leurs immensités de beautés, de somptueux instants à traverser comme l’a fait cet enfant, avec l’innocence et la jouvence d’un être transcendé. Comment un enfant, un seul enfant venu d’on ne sait où peut-il apporter la paix ? Se demande un puissant en le regardant passer devant lui. Alors l’enfant-humanité s’arrête et regarde le puissant, plongeant son regard dans le mental encombré de l’ignorant et lui murmure : Comment peut-on parler de paix avec l’esprit sans cesse à travailler, à envisager, à préparer une prochaine guerre ? La vraie paix ne doit-elle pas venir de l’innocence, de la jouvence ? La vraie paix des mères fières de leur enfant, maintenant qu’elles savent qu’il ne finira pas dans un champ d’honneur, déchiqueté par vos aveuglements, mais sera libre d’aimer, d’aimer en grand, déployant son zèle et si heureux de parcourir la Terre entière afin de rencontrer ses frères, quelles que soient leur couleur, quelles que soient leurs coutumes, leurs traditions. La vraie paix des Silences offerts par ci, par là, dans un coin de campagne, à l’aube d’un nouveau jour. La paix de vos discours n’a-t-elle pas été écrite qu’avec des maux ? Et qu’avez-vous fait de ces Mandela, Luther King, et autres grands qui savaient déjà la vraie paix. Vous les avez emprisonnés, assassinés, ces âmes-lumière, ces grands esprits qui regardent à présent avec bonheur l’enfant-Humanité traverser cette foule de puissants, de hauts-dirigeants, d’ultra-riches et autres savants au service des lourds. On s’écarte à son passage, non sans recevoir un souffle de son rayonnement, cette jubilation-seconde aussi brève et réelle qu’une brindille de lumière accrochée dans les charmilles pleines de pépiements annonçant un nouveau jour. Un nouveau Présent arpenté par l’enfant-humanité. On s’écarte à son passage si bien qu’on dirait presque une haie d’honneur. Mais il ne faut pas exagérer, retomber dans la grandiloquence. Il ne fait que passer l’enfant-humanité. Il n’a toujours su qu’offrir et proposer. Offrir et proposer, les deux mains de la liberté !

On a beau être riche et puissant, intelligent et savant, si l’on ignore d’où l’on vient et ce que l’on peut devenir, on ne sera toujours qu’un vulgaire caillou jeté là par un stupide destin dans cet immense désert qu’est notre propre ignorance, ou pire encore, notre refus de savoir.

Michel Labeaume

Date de dernière mise à jour : 25/07/2025

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