Robe de lumière

La Robe de Lumière

 

                Parfois l’aiguille à tricoter fait un accroc, un accroc dans le vêtement qui, depuis bien longtemps, devrait être terminé. Mais l’actualité est là, pernicieuse, venant d’un seul coup commettre cet accroc, cette déchirure dans le vêtement. Et les humbles reprennent leur ouvrage, sans mot dire, sans maudire, même si parfois…Tout cela ressemble à s’y méprendre à un soleil, pas celui qui se lève et brille, non, mais l’autre, derrière, invisible et pourtant, lumière des lumières, chatoiement des âmes, espoir dépassé, franchi, comme on passe un gué. La raison d’être du vêtement qui se tricote est qu’il veut habiller à la fois l’Humanité, et la Terre, Mère porteuse, parturiente secouée des contractions de la Re-Naissance. Alors linceul d’humanituée ou robe de lumière ? Les dominants et leurs serviles sont bien accrochés à leurs noirceurs et utopies. Mais les humbles aussi, à leur labeur et leurs envies, de joie et de bonheurs, et le tout gratuit. Sais-tu, vendeur de colifichets, que les délices et béatitudes n’ont pas pour habitude de s’exposer en rayons car contrairement à tes pacotilles, c’est dans les tripes de l’homme-éveil qu’elles prennent naissance, grâce notamment au vêtement qui prend forme, petit à petit, dans une toute petite chaumière à l’unique fenêtre par où entre quelque rayon de lumière, épousant celle qu’il y a dans le regard de ces gens qui l’admirent. Sais-tu, vendeur d’armement, que tu as beau te trouver ivre de joie d’avoir signé un juteux contrat, que ton cœur est si sec, qu’il finira par tomber et pourrir afin de servir de terreau pour nourrir celles et ceux qui tricotent le vêtement. Sais-tu, homme de pouvoir et de décisions, que tes paroles dures ne cimentent que ton âme qui pourtant, elle, en appelle au Mouvement. La poésie n’a jamais été une œuvre d’art à exposer dans un quelconque musée. N’a jamais été créée pour être applaudie, tant par des badauds qui l’épousent comme on regarde l’espoir et ses horizons, que par ces hommes de pouvoir, se sentant obligés de saluer pour aussitôt monter dans leurs limousines au cuir bien ciré, la morgue affichée sur le bilan de la soirée, cernés de toutes parts par des flashs adulateurs. La poésie est un jardin merveilleux qui voudrait que l’on ne vienne plus admirer ses beautés car ces dernières devenues primautés dans le cœur des visiteurs qui, de retour dans leurs chaumières, embellissent leur propre demeure tout en continuant, humbles et prévenants, à tricoter le vêtement qui servira, à la nouvelle Aube, de robe de couronnement.

 

M.L.

Date de dernière mise à jour : 25/12/2018

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