Quelques jours à Blamont
Après un voyage rapide en train, me voilà arrivé à Blamont, Meurthe-et-Moselle. Un ciel blanc-gris tâché ici et là de brumes aux gouttes éparses plante le décor de cette bourgade. On y respire un passé riche de travail, d’emplois au sein d’usines locales, de passé plus lointain encore. Oui, cette commune a une aura. Je suis venu recevoir la médaille du combattant des mains d’un ami ô combien cher à mon cœur, Maurice Mayeur, président local des anciens combattants. Lors de la cérémonie du 8 mai, le matin revêt plus un caractère convivial qu’officiel. Tout ce petit monde se connaît. Ce qui lui donne une âme, un souffle quasi familial, intime, effaçant sans l’effacer vraiment le caractère officiel de cette journée du Souvenir. C’est si bon de se sentir parmi ces gens, parmi ce peuple aux existences de labeurs, de joies, de peines, de chemins empruntés qui se lisent sur des visages parfois au-delà du silence.
Je recevrai la médaille un peu plus tard, à Avricourt, autre bourgade à quelques kilomètres. Et de voir mon ami Maurice présider la cérémonie avec tant de sérieux alors que je l’ai connu si farceur, clown pittoresque, j’en suis ébaubi. Et de le voir me saluant après m’avoir épinglé la médaille en retenant ses larmes, m’oblige à maîtriser mon émotion. Là, à cet instant, je sais que j’ai eu mille fois raisons de venir.
Je le dis, je le confirme, je l’appuie de toutes mes forces sur ma conviction qu’être au milieu, au cœur de ces gens, naturels, presque familiers, conforte la place qui m’échoit : Etre des leurs, de tout mon cœur, de toute mon âme. Et la petite réception offerte par le maire dans une salle de la commune ajoute à cette joie. D’entendre les uns et les autres se chamailler gentiment, se parler des prochaines sorties, de lire dans les regards ici et là perdus dans une encyclopédie d’instants, ajoute à mon réconfort d’être parmi eux, devenu un de ceux-là, instants de vie qui font la richesse d’un peuple, de sa grandeur et son chatoiement.
La richesse d’un pays ne sera jamais le PIB, le « bon pour l’économie » mais celle de ces femmes et ces hommes qui, souvent anonymes, ont l’avantage indéniable de lui donner toute sa force, son identité, son cœur du vivant.
Michel Labeaume