Sur les quais

Sur les quais.

 

 

 

                S’y déploiera une nappe de lumière comme une ménagère étend son drap sur l’herbe tendre gorgée de soleil. Des abeilles étincelles butineront les âmes à l’aura déployée afin d’y faire germer les corolles de feu. Fleurs de lumière, d’autant plus ouvertes qu’elles en éprouveront une joie sans pareil, à chaque seconde, un photon d’éternité l’embrasant. En attendant, dans les kiosques, d’autres pétales, en papier-journal, encrés de maux. Les sans-abri doivent se mettre à l’abri. Le bénévolat peut sauver l’entreprise. Mon Dieu, que sont leurs neurones devenus ? Depuis des décennies, ils ont l’emprise sur les dos courbés par les labeurs, quand ce n’est pas une guerre qui nous enterre, piteux héros couronnés de fleurs. Dans ce Monde où le Dragon s’éloigne vers son Néant, encore les dominants sont-ils dominés par leurs errements. Les déraisons sont vos raisons mes grands amis. Je n’ai plus d’ennemi. Je ne peux que secouer l’arbre de Vie sur lequel trop de mauvais fruits. Je n’ai plus d’ennemi. Je déclare haut et fort tout en murmurant être de la famille des Sans-Dents, mon cœur n’étant jamais aussi heureux quand, parmi les anonymes, ces ouvriers, ces pauvres et ces malheureux, je distille quelque goutte de joie et d’espoir pour les rassurer. Loin des petits fours et des visages masqués de faux-semblants, de ces salles immenses où le clinquant se dispute au paraître. Viens mon ami, j’ai rangé bien à l’abri des gestes d’accueil. Il me suffit de tendre la main afin que tu en cueilles. Jamais de peut-être. Toujours des sûrement.  Mesdames et messieurs les dominants, le Monde tant attendu par des milliers, des millions d’âmes est encore en Maternité. Gaïa la parturiente encore secouée de douleurs dus à l’enfantement sait ce qu’il advient quand la Naissance a eu lieu. L’Humanité doit grandir et grandit et grandira. Comme un train s’arrêtant devant chaque gare, toutes et tous peuvent y monter. Faire partie du voyage. Vous aussi avez votre place. Le prix du billet est un sourire. Et la douleur pour celles et ceux restés sur le quai. Devant la gare balayée par Borée, Euros, Zéphyr et Notos, s’envolent mille et mille contrats d’armements, et tant et tant de silences mortuaires pour des puissances qui ne le sont pas moins. Seul, dans un coin de rue, un sans-abri regarde les feuilles voler. Il sourit. Il rit. Dans ses yeux fatigués par tant de mauvaises nuits, une lumière nouvelle le fait sortir de son abri. Il prendra le train plus tard. Pour l’instant, il attend. Il attend l’instant éblouissant qui sera celui de la grande nappe de lumière, déployée sur la Terre, pour la combler de Vie.

 

18.01.18

 

M.L. 

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