Un jour

 

 

 

 

                J’ai envie de bâtir un jour comme on construit sa maison. Je commencerais par rire et sourire. Ce seront les fondations. Une grande pièce avec une longue table pour accueillir toutes celles et tous ceux qui ont un cœur ouvert jusqu’aux Cieux. Une cuisine toute aussi grande pour être ensemble à mitonner des plats venus d’ailleurs, sans tralala et sans traiteur. Et comme fleur de sel ne pas lésiner sur la bonne humeur. Des amis d’ici, des amies d’ailleurs, quelques enfants de migrants avec leurs parents pour admirer dans leurs regards ce qu’il convient pour sécher les pleurs : offrir de l’amour, quelques miettes de bonheur. Si fait, j’aurais besoin de musiciens, un cymbaliste qui ouvrira cette Ode à la joie, un mandoliniste jouant le jeu exubérant des torrents de lumière dévalant des sommets d’où des pianistes offriront une ouverture à un Monde d’Amour, un Monde de chœurs. Il y aura de l’humour, il y aura des fleurs. Il y aura des danses, des voyageurs, des sédentaires et des rappeurs. Je suis désolé, il n’y aura pas de télé, trop de malheurs, de mensonges et fourvoyeurs. Je suis désolé, il n’y aura pas de vigiles à l’entrée car le simple fait de montrer la joie de vivre et sa grandeur fera peur à beaucoup qui n’oseront  franchir le seuil, encore trop empêtrés dans leurs jungles de pouvoir, et d’argent, et de rancœurs. Le soir venu, à l’heure où l’étoile du Berger au-dessus de l’horizon scintille de plus belle, nous serons autour d’un grand feu. Quelques enfants endormis dans les bras de leurs parents qui, juste une larme pour gommer le passé, caresseront les rêves invisibles de leurs anges repus. Quand tout ce petit monde sera endormi, bien à l’abri dans cette demeure qu’est la Vie, un autre conte fera son apparition, sous les traits d’une brise venue des cimes qui, au loin, entameront entre elles une danse pour murmurer du Silence quelques surprenants fragments extraits de l’Univers. Tout en faisant attention de ne pas y aller trop fort, au-dessus d’enfants devenus grands baignés dans une aura de lumière. Durant cette première nuit de sommeil, même les hiboux n’oseront s’exprimer et ce jusqu’à cet instant prestigieux de l’Aurore, heure des dernières brumes et des premières couleurs. Je me suis creusé la tête pour bâtir ce séjour et c’est avec ce ciment qu’est la Certitude qu’il tiendra debout.

 

M.L.

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