Le dahu de l’adret.
Sur la porte est inscrit
« Ne pas déranger. »
Mais lire ceci sur une porte défoncée
Là sur le parquet
C’est un peu ridicule.
Ici et là des morceaux de bois
Eparpillés
Restes de colère non rentrée.
Dans le sous-bois on aperçoit
Les premières toiles d’araignée
Oh pas grand’chose
Mais quand le soleil
Les embrase
Elles sont guirlandes
Posées par les fées.
Le bureau en acajou
Est en deux morceaux
Un beau bureau
Devenu laid
Car il a pris un grand coup
De masse
La masse de la foule
La masse du désespoir
La masse de la misère
La masse de la colère.
Ici et là, des feuilles de papier
Eparpillées,
Des contrats économiques,
Des contrats pour du fric
Des contrats dorés.
Dans le sous-bois
Les feuilles mortes se disent
Qu’elles sont de trop
Alors de plus en plus
Elles laissent leurs places
Aux pousses et aux bourgeons.
Elles effacent leurs traces
La moisson de la foison
Va commencer.
Le grand air est entonné
Et scandé par les cimes
Qui toutes à l’unisson
Dansent leurs frondaisons.
Il y a des traces de mains
Sur le bois du bureau
Des traces sales
De mains bien appuyées
Protégeant les contrats dorés.
Mais ça n’a pas suffit.
Les colère non rentrées
Ont tout vomi.
Il y a des traces de cris
Sur les bouts de bois
Bien cirés.
Mais ça n’a pas suffit
Tout est cassé.
On entend au loin
Un petit frère jouer
Avec sa petite sœur :
Des rires de joie
Des rires de fleurs.
Les oiseaux chantent
La belle hauteur des cimes.
Des cimes, des cimes,
Décimé !
Décimé le dahu économiste
Il est parti
La queue entre les jambes
Il a fui !
Il a vainement cru
En la pérennité
De sa fausse réalité
Mais la réalité,
Il l’a prise en pleine poire
Une lourde réalité
Le poids de son utopie
Ca n’a que trop duré.
Le dahu économiste
A fui dans les fourrés.
Les premiers papillons
Sont aussi de la fête
Ils inscrivent à l’orée
Un langage de vie
Un langage codé.
La mallette en cuir
Est dans un coin de la pièce,
De dédain on l’a jetée
Après l’avoir vidée
Et les feuilles de contrats
De fric,
De pèze,
De blé
De pépettes,
D’oseille,
De thunes,
De pognon,
Se sont envolées
Par la fenêtre brisée.
Ca faisait des papillons
Mais bien plus balourds
Et bien plus maladroits
Que les vrais,
Petits et délicats
Qui sont quelque part
Un langage à décoder
Mais pour cela,
Un seul conseil suffit :
La Vie, il faut l’aimer
Plus que l’ego
Pour être plus haut.
Il faut l’aimer,
Non comme un Icare
Au cerveau lent
Ou un Pinocchio en campagne
Et au verbe acéré
Ou un économiste idiot
Pris dans l’écheveau
De son existence
Qui se croyait pécheur,
Il n’était qu’asticot
Au bout de l’hameçon.
La vie, c’est comme un papillon.
M.L.