Tractations de sang

 

 

Tractations de sang

 

 
Grand, beau et fier d’être vivant,
L’arbre à papillons.
A chaque printemps, ses milles
Et une feuilles naissaient
Chacune d’une couleur
Et s’envolaient.
L’arbre à papillons.
Les hommes l’ont découvert,
Les hommes l’ont vendu cher,
Les hommes l’ont déraciné.
Les papillons orphelins
Pleurent le bois mort.
 
Sur l’étang de lumière
Dansaient les fées hologrammes
Virevoltant leur robe
Vaporeuses
Sur le miroir de pureté.
Les hommes l’ont découvert,
Les hommes l’ont vendu cher
Les hommes l’ont asséché.
Dans la blessure béante
Des branches tordues
Retiennent des haillons de brume.
 
Il était très âgé
Peut-être le dernier exemplaire.
Chaque année,
Ses milles et un bourgeons
Renfermaient une perle d’or.
L’arbre richesse.
Quand le bourgeon s’ouvrait
La goutte d’or tombait
Et il fallait
Attendre plus de mille ans
La naissance d’un autre grand.
Las, les hommes l’ont découvert
Les hommes l’ont vendu cher
Les hommes l’ont coupé.
Et là, sur le sol appauvri,
La vieille souche pourrit
Et semble être
Une vieille décrépite
Sur le sol plus une once,
Sur le sol plus une pépite.
Ils discutaient longuement
Avec sagesse et du moment
Venu et attendu
De changer de voie,
De changer de temps,
De faire germer l’émoi
De faire tourner le vent.
Humanité manipulée par de grands manitous,
Déshabillée de ses salissures et de ses fous
Nue et honteuse, il lui faudra la lumière
Pour la nourrir en une Terre entière.
Las, ma belle,
Des potentats patentés portant des drapeaux
Ont pénétré l’alcôve aux prophètes
Et tout renversé.
Les hommes sages, tous de fatigue et  blessures,
Ont fui, pieds nus jusqu’à presque l’horizon
Et les potentats patentés portant leurs fanions
Ont longtemps festoyé,
Long banquet
Auquel les satrapes engorgés
De pouvoirs et de richesses
Rotaient de grands rires gras
Sur la longue nappe blanche.
Et en bas, dans les cuisines,
Les peuples asservis
Trimaient, cuisinaient, mijotaient,
Transpiraient et montaient
Dans la grande salle du banquet,
Avec un regard anonyme,
Portant de grands plats,
Pour nourrir la frime.
 
Petit afghan au regard figé,
Autour de toi des corps  surpris
Par la folie, par la démence.
Petite syrienne perdue dans les décombres
Dans tes larmes la lumière féconde
Est presque éteinte.
Ta poupée est mal en point
Mais dans ta détresse le Vivant
C’est Lui qui prendra ta main
C’est Lui qui sera devant.
Un peu plus loin à Gaza,
Le sang seul est le linceul
De l’enfant
Porté par les grands
Aux larmes de colère
Figées dans l’instant.
 
Prenez parti pour un camp
Et vous entrez dans leur guerre
Prenez la main de l’enfant
Et la mort reste derrière.
 
Porteurs de semences
Porteurs du Vivant,
Ils sont tous ces enfants
Quelle que soit leur couleur,
Des piétineurs de tyrans
Et le serpent piteux
S’enfouit dans le Néant.

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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