Poussière

Poussière
 
Le petit garçon marche sur le trottoir.
Personne ne peut le voir.
C’est un revenant.
Et moi je n’en reviens pas
En le voyant.
Il est habillé à l’ancien temps.
C’est le héros d’un ancien roman
Dans lequel l’histoire
A grands coups d’encre noire
Déroulait la mémoire
Des enfants ouvriers.
Le petit garçon est descendu
De son imaginaire
Pour voir la réalité,
Lassé de rester posé sur son rayon
De poussière d’étoile,
Il s’est dit
Je vais me changer les idées.
Il regarde les devantures
Des magasins,
Impressionné.
Il regarde la file des voitures,
Il est choqué.
Il regarde le regard des passants
Et se dit que même
S’il était un petit enfant
De cette réalité,
Les passants passeraient
Sans le regarder.
Il regarde des jeunes draguer
Une sémillante poupée.
Il sourit.
Et tout heureux de pouvoir sourire,
Il rit.
Il rit très fort.
Il rit à gorge déployée.
Des larmes de bonheur
Coulent sur ses joues grisées
Par la poussière d’étoile.
Quant il a terminé
D’épancher cette liberté
Il sort de sa poche
Une montre à gousset.
Il a un regard de terreur
En voyant l’heure
Mais il ne sait pas
Que les aiguilles sont figées.
Il marche un peu plus vite,
Il doit se dépêcher.
Ca il le devine.
Ca il le sait.
Le Grand Maître du Temps
Va envoyer ses sbires
Pour le ramener.
On ne traverse pas impunément
La route du Temps.
Entre l’imaginaire
Et la réalité
Il y a une frontière bien gardée.
Le petit garçon m’a dépassé.
Il a tourné au coin d’une petite rue.
De loin je l’ai suivi
Et quand j’ai tourné aussi au coin de la rue
(C’était une impasse)
Il avait disparu.
Il y avait là
La boutique d’un bouquiniste.
Lui était dehors avec un balai.
Et tout en maugréant
Il se demandait
Comment tant de poussière
Avait pu arriver d’un seul coup.
Il y en avait partout,
Même dans la boutique.
Un nuage réalité
Venant d’un ciel imaginaire
Dans lequel un petit être
De roman
Aurait dû rester.
 
 
 
 
 
 
 
 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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