Peines
Il leur faudrait comme épreuve
Un chemin montant
Parsemé d’or et de diamants.
Sauraient-ils rester légers
Jusqu’au bout
Ou seraient-ils devenus fous
De n’avoir pu tout emporter ?
Il leur faudrait comme épreuve
Un chemin montant
Avec tout au long de la montée
Une rambarde en argent.
Sauraient-ils garder au fond
De leur ego
Leurs mains avides ?
Ne pas appuyer leurs efforts
Sur l’illusion acide ?
Sauraient-ils rester impavides
En appuyant leur volonté
Sur le sourire offert à l’arrivée ?
Il leur faudrait comme épreuve
Un chemin montant
Tout de galets,
Ronces et branches crochues
Comme des mains prêtes
A lacérer
Et avec, juste à côté,
Un escalier roulant,
Plus facile
Moins fatigant
Mais ils ne sauraient pas
Qu’en le prenant,
Ils redescendraient
Car ce serait un faux départ
Une course sans élan.
Mais finalement
N’est-ce-pas ce qu’ils vivent
En ce moment ?
Sur le chemin
Qui va toujours montant
Il y a un vieillard
Pauvre et reclus
Sale et chevelu
Plein de poux et barbu
Mais très souriant.
On ne sait pas comment
Il a pu arriver si près
Du sommet
Il a peut-être mis des années
Mais lui
Touche l’arrivée.
Il en a tant vu au loin
Tomber sous le poids
De leurs erreurs
Se cribler de néant.
Il en a tant vu au loin
Hurler leur désarroi
De ne plus pouvoir
Porter leur poids.
Il n’a alors rien dit
Et rien montré.
Tout juste un regard d’enfant
Pour des gens devenus trop lourds
En voulant être trop gourmands.
Tout juste un regard d’enfant
Pas tout à fait comme celui dans le désert
Qui regardait sa maman
Allongée depuis tant d’heures
Et sans comprendre son malheur
Son malheur d’enfant.
Enfant de la guerre
La guerre des grands
Enfant de la faim
Mais pas la faim de richesse,
Juste une faim d’amour
Et d’un peu de pain
Juste un peu
De temps en temps.
Ils comprendront bien jour
Que garder son âme d’enfant
C’est la seule façon
De voir la Vérité
Au sommet
Et se nourrir
De ce qu’Elle a de si grand.