Mesdames messieurs la Cour ! Aux Assises, l’accusée est levée.Debout mais mal dressée,Le dos un peu courbéEt le regard dans le videLe regard impavideEt les mains triturées. Les douze jurés silencieuxRegardent sans sourcillerRegardent sans regarderL’Humanité dans son boxLe regard dans le videEt les mains triturées.Il y a un somalienJeune et un peu maigreMais qui sourit,Il semble aller bienIl mangerait bien quelque choseMais il doit attendre la pause.Il y a le pétrole,C’est marrant, il rigole !Il a une queue fourchueEt des cornes sur le fût. Il y a le publicIl est venu nombreux :Quelques souriresEt beaucoup de larmesDes tortures et des torturésDes esprits dictateursEt des âmes opprimées.Il y a de lourdes mentalitésDe guerres et de pouvoirsEt des mémoires encombrées.Il y a l’odeur des sangs versésComment un relentDe mauvaise nourriturePour une Terre ecchymosée.Ce public pourtantN’est pas visibleMais je peux vous direQue la salle est remplieMême si elle n’est pas comblée.. Il y a les jugesEt leurs assesseursLes avocats, les procureurs,Tout un beau mondeBien endimanché. … Il y a le marteauPrêt à frapper. Tout le monde s’assoitSauf l’Humanité.Elle reste deboutLe dos toujours courbéElle est vêtue d’une longueCape rougeNon pas couleur sangMais rouge de honteEt c’est bien méritéEt sur sa têteOui sur sa tête !Non pas une couronne d’épinesOu un casque de pompiersUn chapeau melonOu un turban entourloupéMais un simple bonnet d’âneEt qui est bien fixé. … Maintenant faites silence,Mesdames et messieurs,Le procès va commencer. Michel Labeaume