Mesdames, messieurs, la Cour !

Mesdames messieurs la Cour !
 
Aux Assises, l’accusée est levée.
Debout mais mal dressée,
Le dos un peu courbé
Et le regard dans le vide
Le regard impavide
Et les mains triturées.
 
Les douze jurés silencieux
Regardent sans sourciller
Regardent sans regarder
L’Humanité dans son box
Le regard dans le vide
Et les mains triturées.
Il y a un somalien
Jeune et un peu maigre
Mais qui sourit,
Il semble aller bien
Il mangerait bien quelque chose
Mais il doit attendre la pause.
Il y a le pétrole,
C’est marrant, il rigole !
Il a une queue fourchue
Et des cornes sur le fût.
 
Il y a le public
Il est venu nombreux :
Quelques sourires
Et beaucoup de larmes
Des tortures et des torturés
Des esprits dictateurs
Et des âmes opprimées.
Il y a de lourdes mentalités
De guerres et de pouvoirs
Et des mémoires encombrées.
Il y a l’odeur des sangs versés
Comment un relent
De mauvaise nourriture
Pour une Terre ecchymosée.
Ce public pourtant
N’est pas visible
Mais je peux vous dire
Que la salle est remplie
Même si elle n’est pas comblée..
 
Il y a les juges
Et leurs assesseurs
Les avocats, les procureurs,
Tout un beau monde
Bien endimanché.
 
 
Il y a le marteau
Prêt à frapper.
 
 
Tout le monde s’assoit
Sauf l’Humanité.
Elle reste debout
Le dos toujours courbé
Elle est vêtue d’une longue
Cape rouge
Non pas couleur sang
Mais rouge de honte
Et c’est bien mérité
Et sur sa tête
Oui sur sa tête !
Non pas une couronne d’épines
Ou un casque de pompiers
Un chapeau melon
Ou un turban entourloupé
Mais un simple bonnet d’âne
Et qui est bien fixé.
 
 
Maintenant faites silence,
Mesdames et messieurs,
Le procès va commencer.
 
                                   Michel Labeaume
 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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