Barbares
La mer sans poisson,
Les mouettes ne rient plus.
Un pleur de mouette
C’est une plume
Qui sort de la couette
Et l’on a un peu froid
De cette désolation.
Les petits blés
Dans les grands champs
Arrivent aux genoux
Des elfes et des fées,
Tellement trafiqués
Ces grands champs presque laids,
D’une laideur latente
Qui crève l’ondulation
Comme une source glauque
Rotant sa création.
Les petites filles ne jouent plus
A la marelle,
Ne rient plus, n’ont plus de jeux,
De la colère dans les prunelles,
De grands yeux bien trop sérieux.
Et que dire des petits garçons
Dans la main un bout de pain
Plus de jeux, plus rien,
Qu’une mauvaise faim,
Les dents dans le quignon.
Sous le porche délabré
D’une église désertée,
Quelques miséreux
Dont un ancien penseur
(un intello qui faisait le beau)
Et un vieil orateur
Courbé sous son fardeau.
Ils font la manche,
Ne font plus la une
Des journaux,
Ils font la manche,
Même pour un peu d’eau.
Quand, soudain,
Descendant de sa planète,
E.T. en goguette
Arrivant sur eux.
Il pose sur l’homme
Aux vains discours
Son doigt lumineux.
Il ne lui souffle
Qu’un seul mot :
- Crétin !
Les lèvres d’écumes
Embrassent le rivage.
Le soleil brosse avec soin
La robe soyeuse
D’une Terre ecchymose
Qui voulait être bleue.
Le grand silence s’est imposé.
Les maux ont tué les mots
L’argent a liquidé
La richesse de l’être.
Il s’est enlisé.
Des tracts brûlés
Fuient sur les trottoirs.
Ils ont peur d’être rattrapés
Par des monstres barbares.
La Cotentin. Avril 2012