La pelle et les pèlerins Une feuille indigèneEst posée sur un fusil.Elle est à la traîne,Le vent l'a oubliée.Le fusil est au solIl est terminéIl n'a plus de ballesEt un canon brisé. La feuille voudrait bien repartirRejoindre ses compagnesPour un prochain été à préparerMais coincée sur l'armeDans cette campagne désolée,Elle s'étiole encore plus,Comme une larme d'automneSur un humus encrassé. Vieillir sur un vulgaireMachin à munitions,Un machin qui a fait la guerre,C'est très con. La feuille c'est aussi une oreille !Oreille...Oreille ?Oreille d'humanitéDe cette humanitéQui refuse d'écouterLe silence qui tombe,Humanité continuantA mains armées et à mains nuesDe creuser,Creuser,Creuser,Creuser ses tombesEt à s'armerDans la forêt sombreDe sa réalité.Le fusil a-t-il étéLaissé par un guerrierParti en pleurantde voir couler tant de sangPour quelques fomenteursEt vocifersDe guerres et d'horreurs ? Espérons en tout casQu'une petite brise inconnueViendra s'unirAu silencePour envoyer la feuille nueVers une autre naissance. Espérons,Espérons,Jusqu'au verbeSavoir :Il sera le bâton.