La pelle et les pèlerins

 

 

La pelle et les pèlerins
 
Une feuille indigène
Est posée sur un fusil.
Elle est à la traîne,
Le vent l'a oubliée.
Le fusil est au sol
Il est terminé
Il n'a plus de balles
Et un canon brisé.
 
La feuille voudrait bien repartir
Rejoindre ses compagnes
Pour un prochain été à préparer
Mais coincée sur l'arme
Dans cette campagne désolée,
Elle s'étiole encore plus,
Comme une larme d'automne
Sur un humus encrassé.
 
Vieillir sur un vulgaire
Machin à munitions,
Un machin qui a fait la guerre,
C'est très con.
 
La feuille c'est aussi une oreille !
Oreille...Oreille ?
Oreille d'humanité
De cette humanité
Qui refuse d'écouter
Le silence qui tombe,
Humanité continuant
A mains armées et à mains nues
De creuser,
Creuser,
Creuser,
Creuser ses tombes
Et à s'armer
Dans la forêt sombre
De sa réalité.
Le fusil a-t-il été
Laissé par un guerrier
Parti en pleurant
de voir couler tant de sang
Pour quelques fomenteurs
Et vocifers
De guerres et d'horreurs ?
 
 
 
Espérons en tout cas
Qu'une petite brise inconnue
Viendra s'unir
Au silence
Pour envoyer la feuille nue
Vers une autre naissance.
 
Espérons,
Espérons,
Jusqu'au verbe
Savoir :
Il sera le bâton.
 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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