La minute de silence. J’en ai assez, murmuraUne minute de silence.Ils font de moiLe valet de leurs négations.Ils font de moiLe balai de leurs saletés.Alors elle décida d’aller faire un tourLà où on ne l’attendait pas.Sa première escapadeFut dans une boîte de nuit.La musique était à fond.Les jeunes étaient à donf,L’ambiance était chaude.La minute de silenceS’installa au beau milieuDe ce brouhahaEt cela jeta un froid.Alors elle souritEt s’en alla.La fête reprit de plus belleEncore plus houleuseEncore plus joyeuseComme si notre petite minuteAvait donné à tous ces gensCes gens qui prenaient du bon tempsComme si elle leur avait donnéUne petite graine d’éternitéAfin que la fête dure plus longtemps.Elle rentra chez elleEt s’endormit dans son alcôve.Le lendemain, ce fut une usineQui eut droit à sa visite.Le travail battait son plein.Le visage des ouvriers était vide :Automatisme du servage,Mécanismes et engrenagesDans lesquels notre petite minuteMit son grain de sable.…Tout s’arrêta.Le patron en réunionJeta à ses collaborateursUn regard d’acier. Un silence morbideVenait de remplacerLa productivité.Les ouvriers ne disaient rienMais commençaient à sourire.Les seconds du patronEtaient les premiers à se faire de l’huileQuand tout reprit.Les machines bien graisséesSe remirent en marcheDans un ronronnement rassurant.Les ouvriers ce jour-làAvaient retrouvé un peu de gaietéEn se murmurant les uns aux autresQue des petites minutesComme celle-làIl en faudrait plus souvent.L’histoire aurait pu continuerSi notre minute de silenceN’avait décidé d’aller retrouverSes amis les papillons.Minute ! Papillon !Laissons-les danser leur silenceAu-dessus des chrysanthèmesAu-dessus des maux.