Bibli
On y entre comme
Dans une église
A petits pas
Et en silence
Et parcourant l’espace
De regards faussement curieux.
Ici les mots se taisent
Bien rangés,
Ourlés dans les replis
Des livres bien reliés.
Tout ce savoir disposé
Avec ordre
N’est finalement que ce vocable
Crié
Avec le silence comme porte-voix :
Ouvrez !
Tout ce savoir
N’est finalement qu’un miel
Alvéolé
Résultat de butinages
Sur des fleurs éparpillées
Dans les siècles et les sociétés
Où des Valjean
Retournaient leur veste
Où des preux chevaliers
Se disaient :
A plonger au fond du gouffre
Enfer ou Ciel qu’importe
Au fond de l’inconnu
Pour trouver du nouveau.
Il sont là les maux
De ces fleurs beaudelairisées.
Et s’arrêter à quelque rayon
Accroché par le titre
Comme si un lutin malicieux
L’avait soudain éclairé.
Et se saisir dans l’instant
De l’ouvrage,
Tout autour des petits bruits
Comme ceux d’oiseaux invisibles
Dans un arbre ayant dessiné
Sur ses feuilles une écriture
Nervurée
D’un savoir être
Et d’un vouloir aimer.
Les mots seraient-ils
Ces mille-pattes
Ayant enlevé leurs souliers ?
Il y a dans ces lieux
Tant de pages et de pages
Ayant parcouru
Tant de temps
Que l’on peut se demander
Si l’on n’a pas dessiné
Sur le grand livre des âmes
Le son éternité.