De la main

De la main.

Je n’ai pas touché l’angoisse, cette lourde cape mal dégrossie, jetée négligemment dans un coin, tâchée de maux. Je n’ai pas touché aux mensonges, ces panneaux indiquant voie sans issue. Je suis allé au-delà. J’ai osé. Raillé par les bien-pensants, j’ai suivi mon intuition et ma déraison m’a ouvert un chemin. Je n’ai pas touché à la peur. J’ai laissé son bouclier pourrir dans le cimetière des armes      . Ce n’est pas du courage. Mais de la Certitude.  Je n’ai pas touché à l’arrogance. Statue de plomb sur un socle de pierres, elle n’a que ce rôle de faire de l’ombre aux passants, aux jeux des enfants, aux rides du temps, si belles avec un sourire bienveillant. Je n’ai pas touché à la perfection. Non seulement parce qu’elle est trop loin, mais chimère des chimères, parce que nous baignons dedans et qu’il suffit pour faire encore plus briller ce diamant, de lui dire oui. Je n’ai jamais touché au zèle empressé de ces faibles faisant la cour aux dominants afin d’espérer une place où l’arrogance justement est le premier décor de son bureau clinquant. J’ai touché à la fleur de printemps, encore fermée à l’aurore juste avant la lumière de son éveil. J’ai touché à l’arbre sur la colline, baigné dans une brume hivernale, déployant ses branches nues, montrant avec évidence que l’orgueil peut être vertu. Je n’arrive pas encore à ne pas toucher à ces médias corbeaux, corvidés covidés, croassant du haut de leur mépris des cris et des maux puisés dans leur jabot. J’y arriverai bientôt. Je n’ai pas touché à ces discours lointains, boniments et argumentaires destinés à plaire, si lointain qu’ils me semblent venir d’un endroit que même Hubble ou son frère ne pourront jamais apercevoir, une planète désertée de vie, une planète utopie. Je n’ai jamais touché à l’ambition, celle de ceux voulant s’extirper de la masse des pouilleux. Mon ambition est sans limites car elle veut parvenir à connaître encore plus de petites joies simples parmi ces gens de la rue, ces étals de marchés, ces cafés, ces terrasses, et ces rencontres anodines posées dans mes instants comme un petit joyau de vie. Curieusement, celle des autres, cette ambition de pouvoir, n’est pas sans limites. Elle est bornée. Devoirs de mémoire…Je toucherai toujours à ce qui fait grandir, évoluer vers l’invisible qui sait se découvrir un peu aux yeux de ceux qui ont osé. Je toucherai toujours au Silence qui me murmure, qui m’interpelle, m’éclaire et me soulève alors que s’il fait peur à encore beaucoup trop d’élèves, c’est qu’ils l’alourdissent de leurs hésitations. Je toucherai aux aurores des nouveaux jours, aux chemins de prairies, à ceux des rives et des forêts, à ceux tracés par nos aïeux à la force des bras, à ceux des montagnes pour nous inciter à venir déployer la lumière de nos regards aux horizons nouveaux. Je ne toucherai jamais plus aux crépuscules des sots.

Michel Labeaume

25.01.22

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Commentaires

  • PATRICK MARTELLO

    1 PATRICK MARTELLO Le 25/01/2022

    yo

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